Chevaucher les pensées
Comme avec un enfant, le plus sage est de comprendre ce qui anime les pensées, quel est le besoin sous-jacent : « au vu du nombre de fois où je pense à cette situation, je n’avais pas réalisé combien je me suis senti …(trahi, coupable, en colère) et que j’aurai eu besoin de … (écoute, temps, m’exprimer) ». Souvent le simple fait d’écouter le besoin suffit à apaiser cette problématique inconsciente. Mais encore faut t’il avoir pris le temps de reconnaître que c’est une problématique qui nous préoccupe !
Rechercher des solutions peut se faire dans un deuxième temps, mais souvent l’intuition est plus efficace que la réflexion. Pour cela la marche est idéale. On repère une problématique, on la laisse comme sur un piédestal, puis on marche nonchalamment autour, sans mettre de pression. Laissons faire les forces inconscientes qui sauront trouver la solution la plus juste pour nous. Le rythme hypnotique de la marche aide beaucoup à la résolution intuitives de ces problématiques, qui nécessite un temps, un processus pour que la transformation s’opère. Souvent à la fin de notre randonnée, une réponse a émergée dans notre for intérieur. Il arrive que nous ne puissions nous l’avouer, parce qu’en en contradiction par exemple avec des normes sociales ou familiales. Néanmoins la solution est là, à fleur d’eau. Prête à être cueillie, si les forces conscientes se relâchent et laissent émerger dans la chambre du subconscient une solution plus adaptée que ce que la pensée linéaire pourrai produire, puisque prenant en compte l’aspect sphérique de l’inconscient.
Dompter le taureau sauvage
Dompter l’esprit n’est donc pas une mince affaire. La tradition Taoïste et bouddhiste reprend l’allégorie du domptage d’un animal sauvage (taureau, buffle ou éléphant selon les régions) pour mieux comprendre les phases de progression. « La bête » (comme le nomme Luis Ansa ou « Po » dans le Taoïsme) qu’est notre ego pensant, est pris dans ses besoins de survie et n’as pas la capacité d’avoir un regard plus large sur le chemin de vie. Il fonctionne automatiquement au quotidien, pris dans ses routines rassurantes. Le berger est une partie plus spontanée (« Hun ») qui est alerte au aspiration profondes de l’être. Il aime errer (surtout la nuit dans les rêves), mais sait aussi qu’il doit guider « la bête » sous peine de se perdre, solidifié dans les dédales exiguës de l’espace-temps.
Au début le petit berger court après l’animal, qui le mène par le bout de la pensée, pourrait t’on dire ! Puis il arrive à lui mettre une longe au cou. Il le tient mais se laisse toujours mener. Ensuite il passe devant l’animal et guide le chemin. Progressivement il va même pouvoir lâcher la longe, et « la bête » coopère, comprenant que le guide mène pour le bien commun. Le berger prend en compte les besoins de « la bête », les siens, tout en gardant en tête le but du cheminement et le meilleur moyen de passer à travers les obstacles.
Cette allégorie nous permet de comprendre que depuis le point de vue de notre pensée consciente, nous n’avons accès qu’a une vision limitée par la nature même de cette partie de la conscience. Pour avoir accès à des parties plus profondes de l’être, il faut se mettre dans des états de conscience profonds. Tout les activités répétitives, comme la marche, mettent dans une sorte de transe hypnotique qui permet au conscient et subconscient de dialoguer pour résoudre des problématiques. Les rêves jouent aussi ce rôle mais là ce sera le subconscient qui dialoguera avec l’inconscient. Nos mémoires du matin permettront de le passer de manière symbolique dans le conscient. Dans les états méditatifs profonds nous accédons plus facilement au subconscient, voire à l’inconscient. dans des moments particuliers.
Plus nous sommes capables de dompter l’esprit, plus nous pouvons avoir accès à des dimensions profondes de nous mêmes, afin de ramener de l’information capable de mieux nous diriger dans notre réel soumis à l’espace temps.
Antoine Epiphani